Le jus de pomme de la résistance

Alors que notre classe politique avance en ordre dispersé face à l’incertitude suscitée par le gouvernement Trump, le Canada devrait plutôt saisir l’occasion de renforcer ses faiblesses issues d’une dépendance aux États-Unis en actant une séparation de toute façon inévitable.
Déficiences dans l’autonomie alimentaire et militaire
Il faut rappeler que les dotations insuffisantes de l’armée canadienne permises par la proximité de notre allié soucieux de sa sécurité nationale ont compromis notre capacité à assurer notre propre défense. Rappelons aussi que la diversité agricole amoindrie par les meilleurs rendements de notre voisin ne nous permet plus de nous nourrir à partir de nos propres terres.
Pourtant, le paysan comme le soldat sont essentiels à la pérennité de toute société libre et indépendante.
La menace de fermeture partielle du marché étasunien est l’occasion de récupérer notre autonomie alimentaire et militaire. Mais pour y parvenir, chaque citoyen a un rôle à jouer, sinon une responsabilité. Nous avons tous la possibilité d’être patriotes en défendant autant nos sols fertiles que l’économie de notre pays. Par conséquent, la contre-attaque au protectionnisme étasunien passe par l’émergence d’un protectionnisme canadien et populaire.
Étapes du protectionnisme
Le protectionnisme est une forme dominante face au libéralisme puisque, en réponse à des droits de douane, le premier répond par des droits de douane alors que le second les subit sans rien faire. Par conséquent, il faut s’attendre à ce que les prix des biens importés augmentent artificiellement sous l’effet des réponses tarifaires qui suivront lors de l’imminente guerre économique. Pour y faire face, quoi de plus naturel que d’importer les moyens de production ?
Une telle transformation à l’échelle du pays nécessite toutefois certaines étapes et un certain effort à fournir.
D’abord, le changement de mentalité des politiciens au pouvoir doit permettre d’investir dans le développement et la production de matériel de défense nationale et d’aliments pour assurer à l’État la pérennité de sa souveraineté et des revenus futurs, tout en assurant au citoyen la pérennité de sa sécurité et la protection de son pouvoir d’achat. Ensuite, les changements d’habitude des consommateurs doivent permettre de soutenir la production d’aliments à haute valeur ajoutée dans nos campagnes pour créer des emplois justement rémunérés, en plus de rendre accessible et abordable une alimentation saine.
Réponse commune et pays uni
Le protectionnisme est une nécessité à l’ère du gouvernement Trump et une occasion de renforcer des secteurs essentiels atrophiés par un libre-échange qui néglige les exigences de l’État souverain. Nous ne pouvons pas permettre aux gouvernements provinciaux de fragiliser le pays par des tentatives d’alliances individuelles avec les républicains. Le Canada doit être uni pour peser davantage dans les négociations. En parallèle, le citoyen est invité à agir selon ses capacités, qu’elles soient grandes ou limitées, pour renforcer l’économie canadienne.
Personnellement, je privilégie toujours le jus de pomme québécois plutôt que le jus d’orange floridien. Et vous ?
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