Yves-François Blanchet: souverainiste, mais allié du Canada face à Trump

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, soutient qu’un Québec indépendant pourrait quand même tirer son épingle du jeu des négociations commerciales du Canada avec les États-Unis.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, soutient qu’un Québec indépendant pourrait quand même tirer son épingle du jeu des négociations commerciales du Canada avec les États-Unis.

Les tensions avec les États-Unis ne remettent pas en question la pertinence de l’indépendance du Québec, affirme Yves-François Blanchet, qui n’éprouve aucun malaise à voir les provinces se rallier autour de l’unifolié pour contrer Donald Trump.

« On n’a pas le choix ! Ce n’est pas ma préférence, mais on est pris pour négocier à l’intérieur d’une unité canadienne. Que ça nous plaise ou pas, on est à l’intérieur d’une zone d’incertitude, on doit la traverser », explique le chef du Bloc québécois en entrevue au Devoir.

Avec son aluminium, ses minéraux rares, son secteur aéronautique et son expertise en intelligence artificielle, un éventuel pays du Québec serait encore à même de se mesurer aux États-Unis lors de conflits commerciaux, fait-il valoir. Et rien ne l’empêcherait de continuer à partager « un siège commun » avec le Canada à la table de négociation. « L’économie du Québec serait quand même une des plus importantes économies au monde et serait à traiter avec respect. »

Réélu, et assermenté lundi, le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, menace le Canada d’importants tarifs de 25 % à l’importation. En réaction à cette menace, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, s’est rendu en Floride pour le rencontrer et a organisé un front commun des provinces à Ottawa, dont fait partie le premier ministre du Québec, François Legault.

Cette menace économique américaine est d’ailleurs un argument de taille contre l’idée de se séparer du Canada, a soutenu mardi le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay. Selon l’analyse de l’ancien premier ministre du Canada Jean Chrétien, le président Trump a « unifié les Canadiens plus que jamais ».

Comme en Europe

« Un Québec souverain aurait ses propres arguments dans une négociation où il y aurait quatre joueurs au lieu d’en avoir deux », réplique le chef du Bloc québécois, ajoutant aussi la voix du Mexique à l’équation.

L’économie du Québec serait de plus petite taille que celle du Canada, comme le Danemark dans l’Union européenne, indique-t-il pour illustrer le pouvoir politique des plus petits États. « Il y a en Europe des pays qui sont indépendants, mais qui sont membres de l’Union européenne. Rappelez-vous quand la Belgique a failli compromettre le traité de libre-échange [entre l’Union européenne et le Canada]. Juste la Belgique ! »

Il y a aussi le calendrier. Donald Trump doit assumer le pouvoir pour les quatre prochaines années, alors qu’il n’y a aucune possibilité de proposer l’indépendance du Québec tant que le gouvernement Legault est aux commandes — et il le restera en théorie jusqu’à l’automne 2026.

Tout cela fait en sorte que la souveraineté ne pourrait être proposée aux électeurs québécois qu’après la bataille commerciale attendue avec le gouvernement Trump, calcule M. Blanchet.

Il présente tout de même les prochaines élections fédérales comme « la première période » dans la stratégie d’accès à l’indépendance du Québec (la seconde étant l’élection du Parti québécois, et la troisième, un référendum). Si tout se passe comme son clan l’a prévu, le chef conservateur Pierre Poilievre serait le visage du camp du « Non ».

Le politicien originaire de l’Alberta représente, aux yeux de M. Blanchet, « la plus parfaite incarnation de la différence entre être canadien et être québécois ». Il s’attend à un déclenchement des prochaines élections fédérales dès mars.

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