À voir dans les théâtres de Québec cette saison

Le prolifique Simon Boudreault signe la pièce «Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu dis», qui sera présentée à La Bordée.
Photo: Julien Cadena archives Le Devoir Le prolifique Simon Boudreault signe la pièce «Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu dis», qui sera présentée à La Bordée.

La saison théâtrale à Québec fera une large place aux considérations politiques. Si c’est un filon qui, bon an, mal an, finit toujours par teinter les programmations, l’hiver 2025 accorde ici une place étonnante au registre politique, entre création et classiques.

La politique de front

Cette note politique sera immanquable avec le retour sur les planches de l’ex-députée Catherine Dorion. Science Po 101. Traité d’insoumission à l’usage du vrai monde sera au Grand Théâtre en février avant un passage en Beauce, à Montréal et à Sherbrooke. Après son spectacle Fuck toute, qui remonte à 2016, puis son passage remarqué à l’Assemblée nationale, qui l’a fait connaître d’un large public, l’artiste revient à la création théâtrale avec un documentaire interactif sur la démocratie et les possibles façons de dépasser l’impuissance, à travers la surcharge médiatique et les vies au rythme chargé.

Fin février également, Premier Acte jouera possiblement dans des eaux similaires : autofiction documentaire d’Aude Seppey, Portes closes puisera à sa propre implication politique, sous l’angle de la place des femmes. Appuyé sur un travail d’enquête auprès de politiciennes québécoises, le spectacle s’interrogera sur la possibilité pour le sexe de Beauvoir de trouver une place dans ce milieu.

La politique par la bande

La politique défilera également, sous d’autres formes que l’approche documentaire, dans Le vote stratégique. Après La Cour suprême (qui singeait l’univers juridique) et Meet_inc. (sur le monde du travail), il sera intéressant de voir quelles folies déjantées bricolera le collectif Hommeries en plongeant dans l’air du temps. Jusqu’ici, force est de constater que les bouffons Lacharrue, Douchebag et Wannabe font joliment mouche avec leur licence irrévérencieuse.

Place du Parlement, pour sa part, ouvrira la saison du Périscope en liant plutôt les considérations politiques à la tragédie contemporaine. Dans une mise en scène de David Bouchard, ce texte du Britannique James Fritz (The Flea) explorera la responsabilité individuelle et nos relations les uns avec les autres en suivant le geste spontané d’une femme qui, alors que sa famille est encore assoupie un matin, foncera vers le parlement avec un bidon d’essence et un urgent besoin de changer le monde.

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Les classiques

Du côté des classiques, on sera servis d’abord avec Othello au Trident en mars, avant son passage au TNM en mai. C’est Rodley Pitt qui incarnera ici le Maure général des armées vénitiennes, poussé aux extrêmes de la jalousie par le perfide Iago. Mis en scène par Didier Lucien, visite rare dans la capitale, ce Shakespeare combinera ici théâtre et arts du cirque.

Un autre rendez-vous avec le répertoire suivra en avril avec En attendant Godot de Samuel Beckett. Après l’avoir monté en 2006, La Bordée le remet à l’honneur près de 20 ans plus tard, cette fois dans une mise en scène d’Olivier Normand, après son travail remarqué sur Le songe d’une nuit d’été (2017) et Run de lait (2022). Ce sont Michel Nadeau et Vincent Champoux qui, ici, pourront se glisser dans les rôles des vagabonds Vladimir et Estragon.

Des créations

Au rang des créations, on pourra surveiller également La trajectoire des confettis, dans une mise en scène de Danielle Le Saux-Farmer. Adaptation pour les planches du roman à succès de Marie-Ève Thuot, cette « fresque réaliste sur l’amour » se prévaudra d’une vaste distribution : 13 comédiennes et comédiens partageront la scène pour dépeindre les différentes trajectoires amoureuses du récit, étalé de la fin du XIXe siècle jusqu’à un proche avenir.

La Bordée offrira quant à elle en avril, avant un passage à La Licorne à Montréal, Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu dis, du prolifique Simon Boudrault (Comment je suis devenu musulman, Je suis un produit). Dans une mise en scène de Lorraine Côté, cette comédie cherchera, sous la forme d’une pièce à tableaux, à explorer par le rire une certaine crispation sociale, à l’heure du clivage et de la perte généralisée de nos repères et de nos espaces communs.

Place d’Youville

De la grande visite allemande passera finalement en mars par Le Diamant après quelques soirs à l’Usine C de Montréal. Le metteur en scène Thomas Ostermeier, qui était venu présenter un percutant Ibsen (Un ennemi du peuple) au Québec en 2013, revient cette fois avec une adaptation d’un roman d’Édouard Louis. Histoire de la violence, sous les bons soins du directeur artistique de la Schaubühne de Berlin, abordera les enjeux du pouvoir, le racisme et l’homophobie.

Photo: François Latulippe Le metteur en scène Robert Lepage et le chorégraphe Guillaume Côté en répétition pour «Hamlet»

Au même Diamant, on surveillera également en mai une adaptation de Shakespeare pour la danse avec Hamlet, prince du Danemark. Cette collaboration du chorégraphe Guillaume Côté et du metteur en scène Robert Lepage, jouant de lumière et d’ombres dans un espace minimaliste, invitera le public à entrer dans ce texte connu par l’intermédiaire du corps et de ses mouvements.

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