«Patate fesse» et autres considérations des usagers de Communauto

Quand ils voient une Communauto sur la route, certains automobilistes prennent soin de ne pas s’en approcher, estimant que les abonnés sont les pires conducteurs.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Quand ils voient une Communauto sur la route, certains automobilistes prennent soin de ne pas s’en approcher, estimant que les abonnés sont les pires conducteurs.

Choisir l’autopartage plutôt que posséder son propre véhicule a ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Les abonnés aiment bien se plaindre de la négligence des autres conducteurs. Ils font cependant preuve de beaucoup d’humour en certaines occasions.

Comme avoir des colocs

Être membre de Communauto, c’est un peu comme partager un appartement avec des colocataires, pour le meilleur ou pour le pire. Plusieurs abonnés de Communauto disent observer une baisse de respect des utilisateurs : restes de collations dans la voiture, poils de chien parsemant la banquette arrière, odeurs suspectes dans l’habitacle… « La perception de la propreté est très personnelle », note Marco Viviani, vice-président développement stratégique chez Communauto.

Il reconnaît toutefois que, dans leur empressement, certains abonnés sont moins scrupuleux. Par exemple, une famille qui revient de voyage le dimanche soir ne prendra peut-être pas le temps de ramasser à la noirceur tous les morceaux de croustilles égarés. « Ç’a toujours été comme ça. C’est l’aspect que les gens critiquent le plus. La situation est peut-être pire avec l’arrivée des Flex », indique M. Viviani.

De nombreux oublis

Les équipes de nettoyage de Communauto ne chôment pas. Outre les écouteurs, clés, téléphones, chaussures, sacs et autres objets usuels, il y a parfois des oublis qui sortent de l’ordinaire. Marco Viviani cite le cas d’une urne funéraire trouvée dans un véhicule. Dans tous les cas, M. Viviani recommande aux abonnés de laisser l’objet oublié dans le véhicule et de le signaler à Communauto plutôt que de tenter de retrouver eux-mêmes le propriétaire sur les réseaux sociaux.

Nuls au volant ?

Quand ils voient une Communauto sur la route, certains automobilistes prennent soin de ne pas s’en approcher, estimant que les abonnés sont les pires conducteurs. « Partout, il y a de bons et de mauvais conducteurs. Mais notre assureur nous dit que, comparé à la population en général, on a moins de dommages chez Communauto. On est un bon client pour eux », soutient Marco Viviani.

Selon lui, l’effet « logo » a aussi un rôle à jouer dans cette perception. À Montréal, les 4500 voitures font de six à sept trajets par jour, en moyenne, avec autant de conducteurs différents, rappelle-t-il. Il rejette aussi l’argument selon lequel bon nombre d’abonnés de Communauto sont des conducteurs occasionnels. « Ce n’est pas parce que tu es un conducteur occasionnel que tu conduis mal », dit-il.

« Patate fesse » et « Kia pété »

« Patate fesse » est le nom qu’un abonné a donné à un véhicule de Communauto lors de sa connexion Bluetooth. Mais depuis, « Patate fesse » a fait des petits, et d’autres voitures portent désormais ce nom — ainsi que des variantes liées aux pommes de terre. D’autres noms sont aussi apparus dans la flotte, dont « Kia pété », « Crisse de char », « P’tite Kia qui pue », « Party de dindons », « Kia mangé ma pizz tbk » et quelques dénominations grivoises. Marco Viviani n’en fait pas de cas et le prend avec humour. « À la base, les voitures sont conçues pour une utilisation individuelle. Alors, il y a plein de paramètres que, nous, on ne contrôle pas », fait-il remarquer. « C’est une façon pour les gens de s’approprier le service. »

Des couleurs tristes

Pourquoi les voitures Communauto sont souvent de couleur grise ? Les autos roulent beaucoup et se salissent énormément, fait valoir Marco Viviani. « Le gris est la couleur qui passe le mieux. Les voitures blanches, on voit tout de suite qu’elles sont sales ; les noires, c’est pareil. » Il souligne cependant que, dans les dernières années, la pénurie de véhicules a obligé Communauto à acheter les voitures disponibles, ce qui a fait apparaître quelques voitures rouges ou bleues. Quant aux noires et aux blanches, il s’agit parfois de modèles qui ne sont pas offerts en gris, note-t-il.

Des véhicules plus gros et plus polluants

Les abonnés de Communauto ont remarqué l’apparition de plus gros véhicules dans la flotte. Certains clients recherchent des voitures de plus grande taille, mais il n’y a pas que cela. « L’industrie automobile produit des véhicules plus gros parce que c’est plus rentable pour elle. Parmi les marques qu’on achète, il n’y a plus de petites voitures. Par exemple, la Prius C, qu’on aimait beaucoup, n’existe plus », explique Marco Viviani.

Les véhicules hybrides sont aussi plus rares sur le marché, ce qui a fait passer de 70 %, avant la pandémie, à 30 % la part de ces voitures dans la flotte de Communauto.

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