Les ministres peu sollicités par les lobbyistes

Les lobbyistes qui cherchent à influencer les décideurs politiques sont peu nombreux à solliciter directement les ministres québécois et préfèrent s’adresser à leur entourage, à commencer par les directeurs de cabinet.
Seulement 0,9 % des mandats de lobbyistes visent des ministres, selon un relevé diffusé récemment par Lobbyisme Québec, l’organisme indépendant qui encadre cette pratique. Par contre, les directeurs de cabinet sont visés par 7 % des inscriptions. Dans la catégorie plus floue des « membres du personnel », on recense jusqu’à 12 % des mandats.
La pratique du lobbyisme est légale, mais elle est assujettie à des obligations en matière de transparence. Depuis 2002, ceux et celles qui l’exercent doivent s’enregistrer auprès du Commissaire au lobbyisme en déclarant ce qu’ils comptent demander. Cette année, près de 5000 personnes se sont enregistrées de cette façon.
Par exemple, l’Ordre des sages-femmes du Québec s’est inscrit en janvier parce qu’il essaie de convaincre le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de mettre en place de nouveaux services. L’entreprise minière Sayona a fait la même chose au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) dans l’espoir d’obtenir les autorisations liées à ses projets au Témiscamingue.
Contrairement à une perception répandue, la plupart des organisations se représentent elles-mêmes et seulement 31 % d’entre elles font appel à des lobbyistes professionnels, les « lobbyistes-conseils », souligne le commissaire au lobbyisme Me Jean-François Routhier.
La santé est le premier sujet d’intérêt des lobbyistes, selon les données, avec 691 mandats consignés en 2024 contre 200 pour l’environnement, par exemple. Le MSSS est d’ailleurs l’un des ministères les plus sollicités.
Par contre, au total, c’est le MEIE qui est concerné par le plus de mandats (1252). Suivent le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (976) et le MSSS (935). Cette année, parmi les autres institutions les plus courtisées figurent les ministères du Conseil exécutif — le ministère du premier ministre —, des Finances et des Affaires municipales, le Conseil du trésor, ainsi que les villes de Montréal, de Laval et de Québec.
Dans le monde municipal, la dynamique est différente. Les maires sont sollicités directement par les lobbyistes beaucoup plus souvent (7,8 %). Mais c’est aux directeurs généraux qui administrent les villes que l’on s’adresse encore plus régulièrement (8,7 %).
Les mandats visant les maires et les directeurs généraux concernent surtout le développement immobilier (543 cas) et le zonage (282), selon les données compilées par Lobbyisme Québec.