Hydro-Québec renégocie des contrats éoliens qui approchent de leur échéance

Des éoliennes du Projet Éole, à Cap-Chat, en Gaspésie
Photo: Francis Vachon Archives Le Devoir Des éoliennes du Projet Éole, à Cap-Chat, en Gaspésie

Au Québec, un premier cycle éolien tire à sa fin. Des discussions ont été entamées entre Hydro-Québec et les propriétaires de certains parcs éoliens dont le contrat arrive à échéance bientôt. Au vu des gains de performance réalisés dans le domaine depuis 20 ans, les futurs prix de rachat s’annoncent beaucoup moins élevés.

Selon la société d’État, qui espère prolonger ces contrats d’approvisionnement, les discussions « avancent bien ». L’option de démanteler les parcs dès l’expiration des ententes — une responsabilité qui incombe aux promoteurs — n’est pas « l’avenue privilégiée », sans être exclue pour autant.

Les premiers parcs dont le contrat arrive à échéance sont ceux de Baie-des-Sables (2026), de L’Anse-à-Valleau (2027), de Carleton (2028) et du Jardin d’Éole (2029), tous situés en Gaspésie. Les trois premiers relèvent du promoteur québécois Innergex ; le dernier, de l’ontarien Northland Power. Les deux entreprises ont refusé de commenter les discussions.

Ces quatre parcs revendiquent près de 450 mégawatts (MW) de puissance installée, soit environ 12 % de la capacité éolienne du Québec. Ils comptent 298 turbines, pour une puissance unitaire moyenne de 1,5 MW.

Les turbines éoliennes d’aujourd’hui génèrent beaucoup plus de puissance. À titre d’exemple, celles qui ont été choisies pour le projet Apuiat, qui devrait bientôt entrer en service sur la Côte-Nord, fournissent chacune 6 MW. En résultent des économies d’échelle qui permettent aux promoteurs d’accepter un prix de rachat moins élevé.

« Le prix des éoliennes a drastiquement diminué depuis dix ans », indique Jean Habel, directeur principal pour le Québec à l’Association canadienne de l’énergie renouvelable. Il s’attend à ce que les tarifs offerts par Hydro-Québec aux propriétaires des parcs existants soient « moindres » que ceux dont ils bénéficiaient jusqu’à présent.

En 2023, Hydro-Québec payait en moyenne 9,6 ¢/kWh pour obtenir l’énergie éolienne des producteurs privés sous contrat. Or, les contrats signés plus récemment par la société d’État l’ont été à plus faible prix. Ceux de l’appel d’offres de 2023, par exemple, étaient au coût moyen de 7,8 ¢/kWh.

Heureusement, les promoteurs ont déjà amorti leurs investissements initiaux, explique M. Habel. Les projets prolongés pourront donc demeurer viables, même avec moins de revenus. Cela dit, certaines dépenses — comme les redevances aux communautés — ne pourront être comprimées.

Le prix des éoliennes a drastiquement diminué depuis dix ans.

Les promoteurs et Hydro-Québec pourraient également opter pour une rénovation des éoliennes existantes. En changeant certaines pièces, il est possible de prolonger la durée de vie d’une turbine et d’en augmenter la puissance. Dans ce cas, de nouveaux investissements seraient nécessaires.

Chose certaine, après une vingtaine d’années d’utilisation, les éoliennes sont généralement encore en bon état. Le renouvellement des contrats « est souhaité » parce que « les équipements ne sont pas en fin de vie », explique le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec dans un courriel au Devoir.

« Le renouvellement de ces contrats d’approvisionnement en électricité permettrait de bénéficier de toute la valeur de production des installations existantes et d’ainsi fournir une partie des besoins énergétiques du Québec. Elle permettrait également de maintenir les retombées pour les communautés d’accueil, notamment en ce qui a trait aux emplois », écrit le ministère.

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