« On va se battre, M. Trump », dit Legault

« On va se battre, M. Trump » : le premier ministre François Legault a annoncé samedi soir que le Québec fera front commun avec le Canada et les autres provinces pour imposer des tarifs de représailles de 25 % sur les importations américaines dès mardi et affronter une tempête économique venue du sud qui risque de malmener l’économie québécoise.
« Malheureusement, plusieurs entreprises au Québec vont être très affectées par ces mesures. Je veux les rassurer. Je veux rassurer les Québécois en leur disant qu’on va tout faire pour les protéger », a lancé le premier ministre Legault lors d’un rapide point de presse, durant lequel il n’a répondu à aucune question.
Y aura-t-il un programme d’aide financière pour les entreprises frappées par les tarifs ? M. Legault n’a pas expliqué quelles mesures pourraient être mises en place. « Tous les ministres travaillent à s’assurer de minimiser les impacts de ces tarifs au cours des prochains mois », s’est-il limité à dire.
Une « opportunité » pour les produits d’ici
Même si les prochains mois, ou même les prochaines années s’annoncent « très difficiles », M. Legault estime que les entreprises québécoises doivent en profiter pour se défaire de la dépendance américaine et « remplacer » les produits qu’elles importent des États-Unis.
« C’est une opportunité aussi pour développer des nouveaux produits, développer des nouveaux marchés », a plaidé le premier ministre.
François Legault a promis d’utiliser le pouvoir de l’État pour mitiger l’impact de la guerre commerciale sur l’économie québécoise et la perte prévue de 100 000 emplois si le conflit s’enlise avec le géant américain.
« Nous avons la chance d’avoir l’immense chantier d’Hydro-Québec » pour stimuler les investissements et la création d’emplois, a insisté François Legault. Il a dit vouloir « tout faire pour accélérer le rehaussement des centrales et le développement éolien pour créer le maximum d’emplois chez Hydro-Québec. »
M. Legault a également « demandé à Investissement Québec et à la Caisse de dépôt de tout faire pour que les projets de développement, les entreprises québécoises se réalisent le plus rapidement possible. »
Le gouvernement étudie aussi la possibilité d’accélérer la mise en chantier de grandes infrastructures publiques, « que ce soit en santé, en éducation, dans le transport collectif, dans le transport ».
« Ça permettrait de créer des emplois dans le secteur de la construction pour venir remplacer les emplois qui, malheureusement, risquent d’être perdus dans le secteur manufacturier », a indiqué le premier ministre.
Ce dernier a aussi demandé à la présidente du Conseil du Trésor, Sonia Lebel, de « pénaliser les entreprises américaines qui travaillent avec le gouvernement du Québec ».
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Diversifier nos échanges
L’opposition libérale demande à la CAQ de sortir d’un « immobilisme qui nous affaiblit » et de travailler dès maintenant à diversifier les marchés d’exportation du Québec.
« François Legault promettait en 2019 de doubler nos échanges commerciaux avec la France, indique le porte-parole libéral en matière d’économie, Frédéric Beauchemin. Six ans plus tard, le bilan est inexistant : les échanges stagnent. »
Le PLQ demande aussi « d’intensifier nos relations commerciales avec l’Asie » grâce à un partenariat avec la Colombie-Britannique, « porte de l’Ouest canadien ».
Québec solidaire demande au gouvernement « d’arrêter de couper lui-même des emplois dans les services publics » pour éviter que deux parents se retrouvent sans travail « quand d’un côté, l’un perd sa job de soudeur à la shop à cause des tarifs de Trump et de l’autre, elle perd sa job comme infirmière auxiliaire à cause des coupures de François Legault. »
Le caucus péquiste compte se réunir dimanche matin après avoir pris connaissance du plan énoncé la veille par François Legault. « Nous travaillons sur d’autres propositions de soutien à nos PME québécoises, a maintenu le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre-Plamondon, notamment sur la base des entreprises que nous avons consultées au cours des derniers jours. »
La Confédération des syndicats nationaux demande que l’aide gouvernementale apportée pour soulager l’impact des tarifs serve « aussi à protéger les emplois et non à servir les seuls intérêts des dirigeants et des actionnaires. »
« Nos membres, écrit la CSN dans un communiqué, ne doivent pas faire les frais des provocations du président américain ni servir de monnaie d’échange dans cette guerre commerciale ».
Le domaine de la métallurgie représente plus de 50 000 emplois au Québec, dont 30 000 liés à l’aluminium. Neuf des 10 alumineries canadiennes se trouvent en sol québécois, et plus de 90 % des exportations d’aluminium du Québec prennent le chemin des États-Unis pour une valeur qui dépasse 12 milliards de dollars, selon l’Association de l’aluminium du Canada.