Comment la Terre se prépare face au risque de collision avec un astéroïde

Depuis plusieurs années, les agences spatiales travaillent à défendre la Terre contre le risque de collision avec un astéroïde tel que YR4. Il existe en effet une faible probabilité que celui-ci percute notre planète en 2032. Voici un tour d’horizon des stratégies étudiées.
Les risques que YR4, dont la taille est estimée entre 40 et 90 mètres de largeur, frappe la Terre le 22 décembre 2032 sont de 3,1 %, selon les calculs rendus publics mardi par la NASA.
C’est la probabilité la plus élevée jamais enregistrée depuis le début de la surveillance des astéroïdes. Mais cette prévision est à prendre avec des pincettes, car elle est fondée sur des données préliminaires et est amenée à évoluer — probablement à la baisse — dans les semaines et les mois qui viennent, affirment des experts interrogés par l’AFP.
Mais même dans le cas hypothétique où la probabilité d’une collision grimperait à 100 %, « nous ne sommes pas sans défense », souligne auprès de l’AFP Richard Moissl, chef du bureau de défense planétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA).
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Dévié par un vaisseau spatial
Pour tester la défense planétaire contre ce type de danger, la NASA a délibérément envoyé en 2022 un vaisseau percuter Dimorphos, un astéroïde de 160 mètres de diamètre qui ne représentait pas de danger pour la Terre.
La mission DART est effectivement parvenue à déplacer l’astéroïde et une autre mission, Hera, a décollé en octobre dernier pour étudier les effets de l’impact sur sa structure.
Cette technique pourrait être utilisée pour percuter YR4 à plusieurs reprises, en observant chaque fois la façon dont cela affecte sa trajectoire, estime Bruce Betts, scientifique de l’organisation américaine Planetary Society.

Sans le toucher ou presque
D’autres méthodes plus subtiles, qui nécessitent une intervention suffisamment précoce, ont été envisagées par les scientifiques.
L’une d’elles, appelée « tracteur gravitationnel », consiste à envoyer un grand vaisseau à proximité du corps céleste et à utiliser l’attraction gravitationnelle pour modifier son orbite — sans le toucher.
Une autre stratégie serait de placer à faible distance de l’astéroïde un engin spatial équipé de propulseurs qui éjecteraient « un flux constant d’ions » ayant aussi pour effet de dévier sa trajectoire, indique M. Moissl.
Autre méthode douce : peindre en blanc une des faces du corps céleste pour utiliser l’« effet Yarkovsky », une très faible poussée produite par l’écart entre l’absorption solaire et l’émission thermique par rayonnement. Ce qui là aussi modifierait légèrement sa trajectoire.
Bombe atomique et lasers
L’année dernière, des chercheurs américains ont testé en laboratoire sur une maquette d’astéroïde de la taille d’une bille la possibilité de faire exploser une bombe nucléaire à proximité. Ce qui aurait pour effet de vaporiser sa surface et de le propulser dans la direction opposée.
Envoyer des armes nucléaires dans l’espace est considéré comme une solution de dernier recours pour faire face à des astéroïdes d’au moins un kilomètre de diamètre, susceptibles de déclencher une catastrophe mondiale comparable à l’extinction des dinosaures.
Une idée similaire consiste à bombarder l’astéroïde avec des faisceaux laser depuis un engin spatial pour vaporiser une de ses faces et le repousser.
Des expériences menées en laboratoire laissent croire que cette méthode est viable, mais elle ne fait pas partie des « techniques principales » étudiées, selon M. Betts.
Et si rien ne marche ?
Si cela s’avère nécessaire, dévier YR4 est donc « faisable, mais cela dépend de la rapidité avec laquelle nous agissons en tant que planète », souligne M. Moissl.
Les agences spatiales et les scientifiques feront des recommandations, mais la décision finale sur la manière d’agir reviendra aux dirigeants mondiaux.
Si toutes les options échouent, nous aurons en tout état de cause une idée assez précise de la zone d’impact de l’astéroïde. Et celui-ci n’est pas un « tueur de planète ». Il pourrait, au pire, menacer une ville, selon M. Moissl.
Cela signifie que la préparation à l’impact, incluant potentiellement une évacuation si la zone est habitée, constituera la dernière ligne de défense.
« Sept ans et demi, c’est long pour se préparer », estime Moissl, qui rappelle qu’il y a environ 97 % de chances que l’astéroïde manque la Terre.