Les prétextes utilisés pour déclencher des enquêtes à Dawson et à Vanier sont-ils fondés?

Certains des exemples évoqués par la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, pour justifier le déclenchement d’enquêtes sur « la sécurité des étudiants » dans deux cégeps montréalais sont « inexacts », estime le Syndicat des professeurs du Collège Dawson. Le Collège Vanier affirme pour sa part n’avoir traité « aucune plainte » justifiant la démarche du gouvernement.

« Le personnel enseignant du Collège Dawson effectue son travail avec compétence, et conformément aux exigences ministérielles et départementales ; toute insinuation laissant entendre le contraire s’avère fausse et déplacée », a indiqué le bureau du Syndicat des professeurs du Collège Dawson, mardi, dans une déclaration écrite transmise aux médias.

En matinée, le gouvernement de la Coalition avenir Québec avait confirmé lancer des investigations ciblées dans deux cégeps anglophones situés à Montréal : les collèges Dawson et Vanier. La ministre Pascale Déry souhaite de ce fait vérifier s’ils ont mis en place les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité de leurs étudiants dans un contexte tendu dû à la guerre au Proche-Orient.

En entrevue avec Le Devoir, l’élue caquiste a affirmé mardi détenir « suffisamment d’éléments » d’information pour déclencher ces enquêtes. « Il y a plusieurs incidents, puis les incidents sont de plusieurs natures », a-t-elle dit, avant de donner l’exemple précis d’un professeur de mathématiques de Dawson qui, « plutôt que d’enseigner les mathématiques, [aurait] invité ses étudiants à regarder un documentaire sur l’histoire de la Palestine ».

« Dans le contexte actuel où le climat est tendu, je me demandais si ce genre de pratique ne venait pas vraiment jeter de l’huile sur le feu », a-t-elle affirmé, après avoir dit en entrevue à la radio de Radio-Canada, plus tôt en matinée, que « des professeurs […] annulent des cours pour encourager les étudiants à aller manifester ».

« Inexacts »

Les affirmations de M^me Déry ont tôt fait de faire réagir le syndicat des professeurs de Dawson. Celui-ci a même diffusé une déclaration en début d’après-midi pour les remettre en doute. « Les exemples évoqués par la ministre Déry concernant certains profs sont inexacts », a-t-il souligné.

« [Notre] travail s’effectue dans le contexte de la liberté académique, qui demeure une composante essentielle d’un apprentissage de qualité dans les établissements d’enseignement supérieur », a-t-il ajouté.

Interrogé sur les propos de M^me Déry, le Collège Vanier s’est par ailleurs dit « surpris » de l’annonce de la ministre. « Nous [n’avons] reçu aucune plainte à l’interne qui justifierait une telle démarche », a soutenu la directrice et secrétaire générale de l’établissement, Isabelle Moncion, dans un courriel.

« À ce jour, nous n’avons reçu aucun renseignement sur cette enquête gouvernementale », a ajouté l’équipe des communications de Dawson plus tard mardi.

Accostée en milieu d’après-midi, après la formulation de ces déclarations, Pascale Déry a dit n’avoir fait que citer des « signalements et [des] éléments qui ont été rapportés au ministère de l’Enseignement supérieur ». « Maintenant, est-ce que toutes ces allégations-là et ces signalements sont fondés ? C’est le travail de l’enquêteur », a-t-elle convenu.

« Sécurité des étudiants »

L’élue avait confirmé le déclenchement de ces enquêtes sur le réseau social X, en matinée, après la diffusion d’un reportage de TVA Nouvelles. « Le droit des étudiants d’évoluer dans un environnement sain et sécuritaire, c’est non négociable », avait-elle souligné.

En novembre, un mouvement étudiant de soutien à la Palestine a donné lieu à des grèves dans de nombreux établissements d’enseignement. La direction du Collège Dawson a choisi d’annuler tous les cours du 21 novembre, citant « de nombreux courriels et appels de membres de la communauté inquiets pour la sécurité des étudiants et des employés » le jour de la grève.

Les collèges Dawson et Vanier affirment collaborer avec le ministère dans la foulée du déclenchement des enquêtes.

Avec La Presse canadienne