Jouer en allant à l’école

L’importance des trajets sécuritaires vers l’école pour nos enfants est un sujet qui interpelle de nombreux parents. Ils y voient un enjeu crucial pour que leur progéniture puisse évoluer dans un environnement positif tout au long de leur parcours scolaire. Au-delà des questions de mobilité que cet enjeu soulève, utiliser des modes actifs pour se rendre à l’école a des effets considérables non seulement sur la réussite scolaire, mais aussi sur la santé et le bien-être de nos enfants.

Pour ma part, accompagner mon fils à l’école le matin est un rituel que j’anticipe avec bonheur. C’est un moment privilégié pour discuter : je découvre les petits potins de sa vie scolaire et des liens uniques se tissent entre nous tandis que nous cheminons tranquillement. Aller à l’école à pied, ce n’est pas seulement une occasion de faire un exercice physique ; c’est aussi des occasions à saisir — croiser des amis, des parents, des voisins — pour renforcer cet esprit de communauté si précieux.

L’école devient un lieu central pour cultiver la solidarité, un élément essentiel à la qualité de vie de ceux qui l’entourent. Placer l’école au coeur de nos milieux de vie est sans doute l’une des approches les plus prometteuses pour repenser l’urbanisme de nos villes.

Le 4 octobre, le Lab-École a dévoilé sa nouvelle publication, Bâtir ensemble des chemins vers l’école, un guide conçu pour promouvoir les déplacements actifs et sécuritaires des enfants. Ce document propose des idées d’aménagements adaptés à leur échelle, où la découverte et le jeu occupent une place centrale, pour stimuler leur imagination et développer leur autonomie. Ces aménagements visent à transformer non seulement l’école, mais aussi l’ensemble du quartier en un lieu accueillant et sécurisant, où les enfants peuvent grandir dans un environnement propice à leur bien-être et à leur santé.

Le plaisir et le jeu sont au coeur de la proposition du Lab-École, où des récits d’enfants en chemin vers l’école illustrent cette vision inspirante. Cela rejoint parfaitement mon souhait de voir des trajets qui offrent bien plus que de la sécurité. Un environnement invitant au jeu et à l’exploration est essentiel pour le développement des enfants, leur permettant de s’immerger dans la nature, d’apprendre en jouant et de se créer des souvenirs positifs de leur trajet quotidien.

La publication met à l’avant l’idée d’encourager l’autonomie des enfants par des aménagements sécuritaires : des points de chute protégés, des sentiers verdoyants, des zones de transition pensées pour eux. Ces éléments leur permettent de découvrir leur quartier tout en développant un fort sentiment d’appartenance. Qui serait contre des enfants qui s’amusent sur le chemin de l’école ? Peut-être quelques grognons, me direz-vous.

La prémisse est simple et forte : permettre aux enfants de créer leurs propres trajets, empreints de découvertes et d’improvisation. Ce n’est pas uniquement une question de rendre leurs parcours sécuritaires, mais aussi de favoriser l’activité physique, bénéfique pour leur santé et leur concentration à l’école. Faire de l’école le centre du quartier et adapter l’aménagement aux enfants, voilà ce qui devrait inspirer toutes nos réflexions en urbanisme.

Faire de l’école le coeur du quartier en aménageant les espaces environnants par et pour les enfants devrait nous tenir lieu de boussole. C’est le principe central de l’approche du Lab-École, qui vise à créer des trajets actifs et ludiques adaptés aux enfants. Cela semble évident, mais sans une vision de sécurité solide pour encadrer la mobilité autour des écoles, ces aspirations risquent de ne pas se concrétiser pleinement dans tous les milieux de vie.

La proposition met aussi en évidence l’importance de mobiliser toutes les parties prenantes pour transformer l’environnement autour des écoles. Toutefois, pour générer un véritable changement, il faut revoir les règles encadrant la mobilité scolaire. Si le Lab-École propose de bonnes pratiques et regroupe des connaissances actuelles sur la sécurité des déplacements, il manque, à mon avis, une réflexion plus poussée sur les contraintes réglementaires. Le Code de la sécurité routière (CSR) du Québec et son Tome V, dans leur forme actuelle, limitent la mise en oeuvre de certaines de ces initiatives novatrices.

Bien qu’il soit important de maintenir des balises communes, il serait tout aussi pertinent d’offrir aux municipalités davantage d’autonomie pour créer des règles de sécurité et de signalisation leur permettant d’aller au-delà du strict minimum réglementaire. En offrant cette latitude, Québec pourrait conserver son pouvoir d’établir des normes minimales tout en donnant aux villes l’occasion d’adapter le CSR et le Tome V à leurs réalités locales, pour ainsi renforcer l’innovation et la protection de nos enfants.

Bâtir ensemble des chemins vers l’école est une publication qui, sans révolutionner le domaine, rassemble et vulgarise des idées inspirantes pour repenser les trajets scolaires. Ce document nous pousse à voir les trajets vers l’école non pas comme de simples déplacements, mais comme des occasions de transformer les quartiers en véritables milieux de vie, propices à la sécurité, à la santé et à l’épanouissement de nos enfants.

Ce guide est une invitation à placer l’enfant au coeur de nos décisions, pour qu’il grandisse dans un environnement à sa mesure — une priorité qui devrait dépasser de loin celle des buttes de neige dans les cours d’école ! Avis aux concernés !

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

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