Le Canada investit 72 millions dans la surveillance satellitaire pour prévenir les feux de forêt

La surveillance satellitaire permettra aux autorités d’évaluer l’intensité des feux, de suivre leur évolution et de déterminer ceux qui sont les plus dangereux.
Photo: Anthony Rolland Agence France-Presse La surveillance satellitaire permettra aux autorités d’évaluer l’intensité des feux, de suivre leur évolution et de déterminer ceux qui sont les plus dangereux.

Le Canada investit 72 millions dans une constellation de satellites qui permettra de mieux surveiller les incendies de forêt sur son territoire, la première initiative du genre provenant d’un pays, selon l’Agence spatiale canadienne.

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, était de passage à l’Agence spatiale canadienne vendredi matin, à Longueuil, pour annoncer que le gouvernement accordera 72 millions de dollars à Spire Global Canada, une entreprise ontarienne, pour la conception de la mission satellitaire canadienne GardeFeu.

Le but de la mission est d’envoyer, en 2029, sept satellites dans l’espace afin de récolter des données quotidiennes sur tous les feux de forêt en activité sur l’ensemble du territoire canadien.

Des capteurs infrarouges de pointe seront installés sur les satellites qui vont produire des images thermiques, qui, elles, permettront aux autorités d’évaluer l’intensité des feux, de suivre leur évolution et de déterminer ceux qui sont les plus dangereux.

« Ça veut dire qu’on va mieux cerner les feux qui sont dangereux et mieux prévenir et protéger les communautés », a expliqué Lisa Campbell, présidente de l’Agence spatiale canadienne, en ajoutant « qu’une petite quantité d’incendies sont responsables de 90 % des dommages ».

Déterminer plus rapidement quels sont les incendies les plus menaçants et mieux prédire leur comportement permettra aux autorités d’avoir une meilleure utilisation des ressources matérielles et humaines, et aussi d’économiser de l’argent et ultimement de sauver des vies, a expliqué le ministre de l’Environnement.

« Si on se reporte une quinzaine d’années en arrière, en moyenne, les coûts des changements climatiques au Canada étaient d’environ 200 millions de dollars. En 2024, c’était 8 milliards de dollars, c’est exponentiel et il y a certaines études qui estiment qu’au cours des prochaines années, ça pourrait augmenter à 25 milliards de dollars. »

Donc, a ajouté Steven Guilbeault, le projet GardeFeu permettra « de nous donner les meilleures façons d’utiliser des ressources qui sont limitées […] pour les utiliser à meilleur escient et pour être capables d’intervenir là où il faut le plus rapidement possible et comme ça, sauver des vies et minimiser les impacts ».

Un communiqué de l’ASC explique que les données de la mission GardeFeu « seront utiles à plusieurs services existants, notamment pour la cote air santé du Canada, la modélisation des interventions en cas d’urgence environnementale, les renseignements sur la visibilité pour la navigation aérienne, les prévisions sur la fumée des feux de forêt et les études de modélisation de l’impact de la qualité de l’air sur la santé ».

La présidente de l’ASC a indiqué « qu’on veut aussi s’assurer que les données récoltées soient ouvertes », donc accessibles à toutes les organisations canadiennes.

Il est prévu que les satellites « soient prêts à opérer trois mois après leur lancement » en 2029.

Regarder vers le ciel

En conférence de presse, Lisa Campbell a expliqué qu’à l’origine de la mission GardeFeu, il y a des fonctionnaires, témoins du travail des pompiers forestiers lors de grands incendies, qui ont compris qu’il n’y aurait jamais assez de pompiers pour combattre les feux de forêt de plus en plus intenses en raison des changements climatiques.

Ces fonctionnaires se sont rendu compte « qu’il fallait s’y prendre autrement et ils ont regardé vers le ciel. Parce que la perspective de l’espace, c’est ça qui nous permet d’être plus efficaces ».

Pour le Canada, « qui vit des feux de forêt de plus en plus dévastateurs en raison du vaste territoire, ça nous prend ces outils-là » et cette mission « est admirée partout dans le monde, il y a beaucoup d’intérêt de la part des autres pays ».

Selon celle qui est à la tête de l’Agence spatiale canadienne, « on sera le premier pays à avoir une constellation satellitaire dédiée aux feux de forêt ».

Le poids d’un melon d’eau

La mission GardeFeu utilisera des microsatellites, qui pèsent 12 kilogrammes chacun, environ le poids d’un gros melon d’eau. Ceux-ci seront en orbite terrestre basse, à environ 475 km d’altitude.

Ceux-ci seront construits par Spire Global Canada (une filiale de Spire Global inc.) à Cambridge, en Ontario.

Spire Global se décrit comme une entreprise qui « conçoit, construit et exploite la plus grande constellation de satellites polyvalents au monde ».

En date d’aujourd’hui, elle aurait participé à une trentaine de lancements de satellites dans l’espace.

« La prochaine étape [de la mission GardeFeu] sera d’agrandir nos installations à Cambridge et lancer un premier satellite en orbite en 2027 », a indiqué vendredi matin Joel Spark, cofondateur de l’entreprise.

La mission GardeFeu est une initiative du gouvernement du Canada réalisée par l’Agence spatiale canadienne, le Service canadien des forêts et le Centre canadien de cartographie et d’observation de la Terre de Ressources naturelles Canada, et Environnement et Changement climatique Canada.

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