Accélérer le virage vert des stations de ski

Nathalie Schneider
Collaboration spéciale
La station de ski Mont Gleason fait partie de la première cohorte à obtenir la certification Écoleader.
Photo: Photo fournie par la station La station de ski Mont Gleason fait partie de la première cohorte à obtenir la certification Écoleader.

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Former et accompagner les stations de ski dans leur démarche en développement durable : c’est tout l’objet du récent parcours Écoleader, mis en place par l’Association des stations de ski du Québec, mené en partenariat avec la firme Ellio.

« Chaque hiver, nous observons des moyennes de température à la baisse, avec de nombreux épisodes de redoux, explique Vicky Angers, directrice des services à Mont Gleason, une station du Centre-du-Québec. Nos activités commencent plus tardivement et la fabrication de la neige est indispensable en début de saison. » Ce constat est partagé par bon nombre de stations de ski québécoises, notamment au sud du Saint-Laurent, au point que certains s’interrogent sur l’avenir du ski alpin.

Crise en vue

Selon l’étude Diagnostic de la vulnérabilité du système ski québécois aux changements climatiques, d’Ouranos, la saison de ski compte désormais de 5 à 10 jours de moins en moyenne par année, et l’achalandage baisse de 2 % à court terme et de 6 % à moyen terme. L’organisme de veille sur les effets de ces changements constate une hausse des moyennes hivernales, un manque de couvert de neige, une augmentation des précipitations liquides hivernales, phénomènes qui devraient s’amplifier d’ici 2050 si l’on en croit les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre attendus. Une situation inquiétante quand on connaît le rôle attractif des stations de ski en région et les revenus touristiques qu’elles génèrent localement.

État des lieux

Si Mont Gleason n’a pas encore vraiment structuré ses opérations dans le sens de l’écoresponsabilité, la station est déjà sensibilisée à la nécessité de mettre en place des mesures plus durables que sa clientèle pourrait s’approprier. « Nous avons installé des centres de tri pour les déchets, le recyclage et le compost, mais nous avons encore de la difficulté à les faire respecter », déplore Vicky Angers. Raison pour laquelle Mont Gleason est l’une des 9 stations de ski, toutes régions confondues, membre de la première cohorte à obtenir la certification Écoleader, mise en place par l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) en partenariat avec la firme Ellio.

« Ce projet pilote nous a d’abord permis d’organiser quatre formations de groupes en ligne sur différents aspects du développement durable, en mettant l’accent sur les normes québécoises, puis nous avons mené un accompagnement personnalisé qui s’adapte à la réalité de chaque station », explique Gabrielle Larose, directrice des connaissances stratégiques et du développement durable à l’ASSQ. Chacune d’elles a établi un diagnostic de ses pratiques, pointant celles qui pourraient être améliorées pour optimiser son bilan carbone et bâtir ainsi une voie vers la transition durable. Mont Gleason s’est notamment penché sur sa consommation d’énergie et sur l’écocircularité de ses produits et services.

Chacune sa réalité

D’autres stations de ski avaient déjà mis en place un comité en développement durable, comme Les Sommets, un regroupement de quatre stations laurentiennes interreliées, Saint-Sauveur, Morin Heights, Sommet Gabriel et Sommet Olympia, en plus de celle en Outaouais, le Sommet Edelweiss. « Même si le ski alpin constitue notre principale activité, nous avons déjà mis en place des formules quatre saisons, explique Pierre Charest, directeur principal des ventes au détail aux Sommets. Et de nombreuses mesures ont été prises : centres de tri, approvisionnement local, bannissement des produits à usage unique ou recharges gratuites dans chaque station. » Mais, grâce à des ateliers individuels encadrés par Ellio, inclus dans le programme Écoleader, les stations engagées comme celles des Sommets ont pu fixer des objectifs ambitieux, portés par un plan d’action, afin d’aller plus loin : calcul des GES liés au damage des pistes, covoiturage préconisé pour les employés, réduction du prix du billet pour les clients qui utilisent les transports en commun, etc.

Une vision prospective

Dans son plan d’action, Mont Gleason s’interroge sur la nécessité du damage des pistes pour le ski de soirée, ce qui réduirait son bilan carbone ou, encore, sur l’instauration d’affiches « Coupe ton moteur » pour inviter les parents d’enfants inscrits à l’école de ski à couper le moteur de leur véhicule dans les stationnements. Bien d’autres actions sont à venir, dont un projet de plateforme de formation en ligne et un sondage des employés pour déterminer leurs besoins et leurs aspirations.

Le développement durable n’est pas circonscrit aux pratiques écoresponsables ; il s’inscrit dans une démarche transversale au croisement de l’environnement, de l’économie et du social. Aux Sommets, cette question est cruciale : les stations sont déjà engagées avec l’organisme Bouc humanitaire pour un don de manteaux ou, encore, avec Le garde-manger des Pays-d’en-Haut pour un don alimentaire. Des collectes de fonds sont organisées, notamment pour la Fondation Martin-Matte et pour Tel-jeunes. Des programmes de reconnaissance sont offerts pour favoriser le bien-être des employés des Sommets. En outre, certaines de ses stations invitent de jeunes écoliers à faire un stage dans certaines stations des Sommets, afin de contrer le décrochage scolaire, et favorisent l’embauche de personnes vivant avec un handicap.

Le programme Écoleader a permis à Mont Gleason d’obtenir sa certification Écoresponsable niveau 2 délivrée par Ecocert. Les Sommets, quant à eux, ont obtenu la certification Écoresponsable niveau 1, mais sont très avancés en vue d’obtenir le niveau 2 cette année ; ne reste que l’embauche d’une ressource humaine pour prendre en charge à 100 % le dossier du développement durable.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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